La première journée universitaire de psychiatrie légale s’est tenue jeudi 8 mars dernier sous l’impulsion et la présidence du Pr Jaafari du Centre hospitalier Laborit.

Radicalisation, enfermement ou soins ?

Le Pr Roblot, doyen de la Faculté médecine et de pharmacie a accueilli cette journée dans ses locaux et a rappelé le partenariat fort qui lie l’université de Poitiers et l’hôpital Laborit et ses unités de recherche.

Les échanges de cette journée doivent déboucher sur un meilleur “vivre ensemble”, qui est la vocation de l’Université, a rappelé le Pr Roblot.

Ces dernières années, le pays a été victime de nombreux attentats engendrant des émotions très vives. La population voit l’apparition des termes comme «radicalisation», «fiche S», et bien d’autres qui sont entrés dans le vocabulaire courant sans que l’on comprenne toujours à quoi cela renvoie. De nos jours, il y a peu d’informations et beaucoup de représentations erronées au sujet de ces phénomènes.

La tendance actuelle est de ne pas psychiatriser la radicalisation et de positionner le psychiatre en tant qu’expert permettant de diagnostiquer la présence ou l’absence d’une pathologie mentale chez une personne radicalisée, introduit le Pr Jaafari. Nous pensons que la compréhension de ce phénomène nouveau et sa prise en charge ne peuvent relever que d’une seule discipline et nécessitent une discussion et une prise en charge multidisciplinaire (sociologie, psychologie, psychiatrie, pédopsychiatrie, philosophie, droit, …). Il est intéressant d’observer qu’il n’existe peu ou pas de protocole de recherche sur la question. Nos soignants sont aussi de plus en plus confrontés à une violence empreinte de cette thématique. L’idée d’organiser cette journée est ainsi née d’une observation clinique…

Christophe Verduzier, Directeur du CH Laborit, Loïc Levoyer, vice-président de l’Université de Poitiers et Arnaud Tranchant, référent radicalisation de l’ARS Nouvelle-Aquitaine ont introduit cette journée en saluant l’initiative du Pr Jaafari et en souhaitant une mobilisation et un travail pluri-disciplinaire au niveau national et international.

Le Pr Jaafari avait réuni de nombreux spécialistes reconnus en France pour leur expertise, notamment, le Pr Khosrokhavar dont les travaux sont à l’origine de la définition actuelle du phénomène : « Par radicalisation, on désigne le processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui conteste l’ordre établi sur le plan politique, social ou culturel ».

Les intervenants :

  • Pr Pellegrin – Université de Paris “Comment le radicalisme est devenu islamique”
  • Pr Khosrokhavar – CADIS, EHESS – CNRS, Paris “Le djihadisme et la famille : la crise de l’autorité et ses formes exacerbées”
  • Pr Senon – Université de Poitiers “Les réponses pénitentiaires sont-elles adaptées à la radicalisation” (CGLPL)
  • Pr Llorca – Université de Clermont-Ferrand “Radicalisation : quels enjeux psychiatriques”
  • Mme Barruche – CH Esquirol, Limoges “Repérage et conduite à tenir vis à vis des personnes radicalisées ou en voie de radicalisation”
  • Pr Chatard – CeRCA, CNRS, UMR 7295, Université de Poitiers “La radicalisation : détecter pour mieux prévenir”
  • Pr Cohen – Université de Paris VI “Que sait-on des jeunes qui se radicalisent ?”
  • Dr Gokalsing – INSERM U1178, EPSM de la Réunion “Radicalisation dans les DOM : le cas de La Réunion”
  • Pr Ebrahimi – Faculté de Droit de Shiraz, Iran “La radicalisation et la loi iranienne”

Cette première édition a remporté un franc succès avec plus de 200 participants. La journée a permis des échanges nombreux et fructueux et promet le développement de futurs protocoles de recherche pour une meilleure compréhension du phénomène de radicalisation.