A l’occasion de la Journée mondiale des troubles bipolaires, le 30 mars, l’antenne de la Vienne de l’association ARGOS 2001 a organisé en partenariat avec l’Espace Mendès France et le Centre hospitalier Laborit plusieurs temps d’échanges intitulés « Rencontres en territoires bipolaires ».

Organisée en France depuis 2015, la Journée mondiale des troubles bipolaires a lieu chaque année le 30 mars, date anniversaire de la naissance de Vincent Van Gogh.

A Poitiers, cette année, l’Espace Mendès France a ouvert ses portes toute la journée avec la retransmission d’évènements programmés en Ile de France et en région et l’association Argos 2001 de la Vienne avait prévu une soirée de conférences pour la clôture de la journée. Une trentaine de personnes étaient présentes.

La bipolarité dans tous ses états

Jacques Lavignotte, l’animateur régional de l’association a ouvert cette soirée en faisant un point sur cette pathologie autrefois appelée troubles maniaco-dépressifs se manifestant par des troubles de l’humeur (euphorie, tristesse, déprime). Il a ainsi exposé le rôle de l’association, lieu d’écoute, d’information et de partage et rappelé qu’elle « porte également la parole des usagers auprès des pouvoirs publics et des instances hospitalières ».

« Hôpital psychiatrique : mode d’emploi »

Le Docteur Roland Bouet, psychiatre et chef du pôle adulte au Centre hospitalier Laborit introduit son « mode d’emploi de l’hôpital psychiatrique » par un petit point d’histoire de la maladie mentale, apparu pendant l’Antiquité. C’est seulement au XIXème siècle que s’organisent les soins et qu’ouvrent les premiers asiles avec des placements volontaires ou d’office. Avec eux, apparaissent des dispositifs de tutelle pour la protection des biens ; ces lois dureront 150 ans avec de nombreuses améliorations et évolutions dans les traitements et les techniques de soins. Une révolution thérapeutique intervient à la fin de la seconde guerre mondiale et s’en suit un mouvement d’ouverture en 1960 avec la sectorisation psychiatrique.

De nos jours, 80 % des personnes suivies en psychiatrie ne sont pas hospitalisées et à Laborit, ce sont environ 20 000 personnes suivies par an pour 2400 hospitalisées. L’hospitalisation est libre ou dite « sans consentement » (à la demande d’un tiers) ou forcée, on parle alors de SPI* (*Soins pour Péril Imminent).

Le Docteur Bouet insiste ensuite le rôle important des associations dans les institutions et sur l’importance de l’éducation thérapeutique du patient. La place des aidants (familles, amis, voisins, collègues etc.) est primordiale dans la maladie ; en effet, « le pronostic est meilleur dès lors qu’il y a un tissu affectif », conclut t-il.

« Le consentement en psychiatrie, une approche éthique »

Le quotidien du soin en psychiatrie génère en permanence des situations où se disputent le droit, la déontologie, la morale, l’éthique… La réflexion s’organise dans les établissements de santé et prend, le plus souvent, la forme d’un Comité d’Ethique.

Le professeur Benoît Pain, professeur de Philosophie à la Faculté de Médecine et Pharmacie de l’Université de Poitiers était présent à double titre, pour ses écrits reconnus sur l’éthique médicale et pour ses fonctions au Comité d’éthique du CH Laborit qu’il a « l’honneur de présider depuis 4 ans ». Rôle qui l’amène a évaluer des cas cliniques de l’hôpital avec un œil extérieur et non-médical.

Consentir, accepter, approuver, autoriser, permettre … ? Se pose alors la notion de capacité, le problème de validité du consentement et ainsi la notion rationaliste de la maladie mentale.

La loi du 5 juillet 2011 a réformé les modalités de soins en psychiatrie définies dans le Code de la santé publique. La loi pose le principe du consentement aux soins des personnes atteintes de troubles mentaux, énonce l’exception des soins sans consentement et définit ses modalités d’application.

« Devant la loi, nous sommes tous égaux et humains » conclut le Professeur Pain devant un auditoire attentif à son expertise et à l’expérience du Docteur Bouet.

ARGOS 2001 est une association d’usagers dédiée aux troubles bipolaires. Elle se veut un lieu d’écoute, d’information et de partage à l’attention des personnes atteintes de troubles bipolaires et de leurs proches. A Poitiers, l’Association organise des réunions d’information plusieurs fois par mois et anime des groupes de paroles dans les locaux de la Maison des Associations de Vouneuil sous Biard (86580).

Plus d’informations : https://argos-vienne.melusine.eu.org/