La santé mentale : une thématique importante de notre prochain congrès”

Pr Emmanuel RUSCH

Président de la Fédération régionale des acteurs en promotion de la santé (FRAPS Centre-Val de Loire)
Responsable Département d’information médicale GHT 37
Directeur équipe recherche Education Ethique Santé (EA7505), Université Tours
Responsable Centre National de Coordination du Dépistage Néonatal
Président Société Française Santé Publique (SFSP)
Président de la Conférence Nationale de Santé (CNS)

 

Votre congrès aura lieu du 13 au 15 octobre*. Y sera-t-il question de santé mentale ?
La santé mentale sera une thématique importante de notre prochain congrès, sous plusieurs formes. D’une part, l’appel à communications a permis de sélectionner des travaux sur le sujet, qui seront présentés lors d’une session de communications orales dédiée à “Santé mentale et COVID-19” ainsi que sous forme d’une douzaine de communications affichées. D’autre part, deux symposiums se tiendront sur le sujet.
Tout d’abord, celui du Conseil local de santé mentale (CLSM) de Poitiers, à propos de la stigmatisation des troubles psychiques, dans le cadre des “Semaines d’information sur la santé mentale” qui se tiendront du 4 au 17 octobre, avec pour objectifs de valoriser des formats innovants d’actions en santé publique (notamment un “Cabaret Santé mentale”) et d’appréhender les effets des mécanismes de stigmatisation sur les personnes concernées et sur la prise en charge en psychiatrie.


Ensuite, l’événement porté conjointement par le Centre collaborateur de l’OMS pour la formation et la recherche en santé mentale et l’EHESP consacré à “La santé mentale dans la cité pendant la crise sanitaire”. Il permettra de présenter les données disponibles sur la santé mentale pendant la pandémie ainsi que les résultats d’une enquête sur l’impact de la pandémie sur les CLSM et de s’interroger sur le rôle des acteurs locaux dans la mise en place de dispositifs démocratiques et participatifs en santé mentale en temps de crise.

A cette occasion, Véronique Bounaud – Coordinatrice du CLSM et Responsable du Pôle accompagnement Santé au CCAS de la Ville de Poitiers présentera la mini-série originale crééé lors du 2ème confinement en partenariat avec le CH Laborit.

Voir toutes les émotions !

La SFSP mène-t-elle des travaux sur la santé mentale ? Des actions sont-elles prévues dans le cadre du Ségur de la Santé Publique ?
En tant qu’organisation généraliste, la SFSP n’a pas d’engagement sur toutes les thématiques spécifiques de santé publique. La santé mentale occupe cependant une place importante dans nos actions et prises de parole, notamment à travers la revue Santé Publique, mais aussi à travers les Semaines d’information sur la santé mentale, qui se tiennent chaque année en octobre, à la coordination desquelles nous participons depuis plusieurs années.
La santé mentale a également occupé une grande place dans les notes de position que nous avons publié sur la COVID-19.
Ainsi, dans la note de position de la SFSP en date du 20 avril 2021, nous avions plaidé pour “Renforcer les dispositifs de santé mentale pour répondre aux enjeux pressants” qui étaient alors largement connus et partagés. “Les indicateurs publiés au cours des derniers mois sont inquiétants quant à l’impact de la COVID-19 et des mesures prises pour y répondre sur l’état de santé mentale de la population. Au-delà des mesures déjà annoncées, il est urgent d’allouer massivement des moyens aux actions de promotion de la santé mentale ainsi qu’à l’accompagnement psychologique et social des personnes en souffrance psychique, notamment à travers les acteurs des CLSM”.
Dans sa note de position du 08 juin 2021 portant sur “Urgence d’une approche globale de la crise sanitaire”, la SFSP insistait à nouveau sur l’importance de “mobiliser et impliquer les populations contre l’isolement social et pour la santé mentale”.
Concernant les évolutions globales de la santé publique à l’avenir, il est clair qu’une préoccupation particulière doit être portée aux dispositifs de santé mentale, qu’il s’agisse de prévention, de diagnostic, de soin ou de soutien psychosocial. La santé mentale doit être considérée comme un enjeu de santé publique à part entière, et pas uniquement comme une question de soin.

La pandémie fait-elle du bien-être mental un impératif de santé publique ?
Le bien-être mental fait partie intégrante de la santé des individus et il est un élément essentiel dans l’évaluation de l’état de santé des populations. Il est documenté de longue date que les capacités du système de santé français ne permettent pas de répondre aux besoins de la population dans le champ de la santé mentale, que ce soit sur les plans quantitatif ou qualitatif. Les situations « extrêmes », que nous fait vivre la pandémie et ses implications économiques ou sociales, ont provoqué une prise de conscience, dans le champ politique et celui des médias, des lacunes de nos dispositifs en santé mentale. Il est particulièrement important de les développer, de sorte à pouvoir répondre aux difficultés que peuvent connaître nombre d’individus, à tous les âges de la vie et dans tous les milieux. Gageons que les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, actuellement organisés, permettront de dessiner des pistes concrètes d’amélioration.