Le dispositif d’urgence médico-psychologique a été constitué dans les suites de l’attentat survenu à la station RER Saint-Michel (Paris) le 25 juillet 1995, afin d’assurer la prise en charge des victimes confrontées à un événement psycho-traumatisant.
En effet, tout événement à fort retentissement émotionnel occasionne non seulement des blessures physiques, mais aussi des blessures psychiques individuelles ou collectives, immédiates ou différées, aiguës ou chroniques.
Ces victimes nécessitent des soins d’urgence au même titre que les blessés physiques. L’intervention des CUMP est déclenchée par le SAMU (service d’aide médicale urgente), après évaluation de la situation.
Relevant des agences régionales de santé (ARS), ces cellules font intervenir des professionnels de santé volontaires : médecins psychiatres, psychologues, infirmiers… préalablement formés. Ils sont rattachés aux établissements de santé, sièges de SAMU et d’hôpitaux psychiatriques. Les CUMP relèvent d’une mission d’intérêt général.
La cellule d’urgence médico-psychologique (Cump) de la Vienne dépend du CH Laborit et du SAMU 86.
Elle a été déployée le vendredi 30 juin 2023 dans le quartier des Couronneries, à Poitiers, après une nuit d’émeutes dans plusieurs quartiers de la ville.
© (Photo NR-CP)
Dans les coulisses de la Cellule
Un journaliste de la Nouvelle République a partagé le quotidien des équipes pour comprendre le fonctionnement et les missions de la CUMP à l’occasion des émeutes dans le quartier des Couronneries de Poitiers après le décès du jeune Nahel (Article NR du 06/07/2023)
Très rapidement, des gens sont venus. Vendredi 30 juin, dès 8 h 45 du matin, plusieurs volontaires de la cellule d’urgence médico-psychologique renforcée (Cump) de la Vienne étaient à pied d’œuvre dans le quartier des Couronneries, à Poitiers. Ce dispositif permet de dépister de potentiels problèmes psychologiques ou d’éviter leur aggravation grâce au dialogue, au plus près d’un évènement traumatique. En l’occurrence, les émeutes ayant touché plusieurs quartiers de la ville dans la nuit.
« Beaucoup ont eu peur la nuit même », témoigne Léa Maignan, psychologue volontaire présente aux Couronneries. Toute la journée, elle a pris en charge des riverains qui avaient besoin d’une oreille attentive, notamment certains commerçants du quartier, qui ont souffert des émeutes. « Ça vise à ce qu’ils puissent déposer leur détresse. »
Formation de volontaires
Le réveil a été matinal pour Léa Maignan. Elle a été prévenue vers 6 heures du matin, mais elle n’est pas appelée pour ce genre de missions tous les jours, puisque la Cump a aussi une mission de formation de volontaires auprès de la préfecture, par exemple lors de simulations d’attentats.
En parallèle, elle exerce au centre régional de psychotraumatologie (CRP) de Poitiers, qui prend en charge le nord de la région Nouvelle-Aquitaine. Comme certains de ses collègues, elle a choisi de se porter volontaire pour être membre de la Cump.
« Il faut aimer le petit coup d’adrénaline »
Ce n’est pas le cas de tous ses collègues du CRP, car l’exercice est particulier. « C’est très riche, ça change du quotidien d’un psychologue, il faut aimer ça. » Un constat partagé par Dominique Meslier, infirmier et coordonnateur de la cellule dans la Vienne : « Il faut aimer le petit coup d’adrénaline ».
Dominique Meslier – infirmier et Léa Maignan – psychologues, sont coordinateurs de la cellule d’urgence médico-psychologique (Cump) de la Vienne.
© (Photo NR-CP)
Les volontaires sont parfois mobilisés en dehors de leur région, lors d’évènements particulièrement traumatiques, comme les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, ou l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice. Le savoir-faire poitevin s’exporte aussi à l’international, puisque plusieurs volontaires ont été déployés au Japon, après l’accident nucléaire de Fukushima, en 2011.