« ASAP », acronyme de « as soon as possible » (« aussi vite que possible », dans la langue de Shakespeare), est aussi le nom donné à la nouvelle unité d’accueil et de soins pour adolescents en psychiatrie au CH laborit. Depuis janvier 2016, cet hôpital de jour intensif accueille des jeunes de 12 à 18 ans de tout le département la Vienne, après une tentative de suicide ou dans des cas d’importants troubles anxieux et/ou du comportement. Une initiative rare en France.

unite asap

« Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-25 ans dans notre pays, après les accidents de la route, et augmente partout dans le monde depuis ces dernières années, rappelle le Dr Damien Mallet, responsable de l’unité ASAP. Près des trois quarts des jeunes ne sont pas pris en charge après une tentative. Lorsque l’on sait que le risque de récidive sur un an est de 40% en l’absence de suivi, un dispositif comme l’ASAP prend tout son sens. »

Le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-25 ans dans notre pays

Suivant les recommandations de la Haute Autorité de santé, l’unité dispense une évaluation rapide et globale, pour accompagner ensuite les adolescents dans leurs projets de vie et d’orientation. « Les jeunes arrivent le matin et rentrent chez eux le soir. Le rôle de l‘équipe – pluridisciplinaire et spécialisée dans l’adolescence – est de donner un cadre apaisant et contenant aux jeunes et à leurs familles, sans minimiser l’acte », souligne Ugo Challot, cadre de santé.
Pédopsychiatre, internes, cadre de santé, infirmiers, psychologue, éducateur spécialisé, psychomotricienne, assistante sociale : lors des entretiens individuels ou des séances de groupes, chaque membre de l’équipe porte son regard sur les différents secteurs de vie de l’adolescent, qu’ils mutualisent lors de réunions pluridisciplinaires avant d’échanger avec les familles.

Une interface entre les urgences et la prise en charge post-hospitalière

Deux groupes distincts de quatre à six places sont mis en place à l’ASAP. Le premier accueille des jeunes dès leur sortie des urgences au CHU, le jour même ou le lendemain, à la suite d’une tentative de suicide. Ils bénéficient alors une d’une évaluation intensive de cinq à six jours, et se voient ensuite proposer une orientation personnalisée : suivi en centre médico-psychologique (ou libéral), hospitalisation de jour dans le deuxième groupe de l’ASAP ou à Mosaïque (dans le cas de problèmes de scolarisation), hospitalisation complète au pavillon Tony Lainé.

Le deuxième groupe reçoit quant à lui des adolescents dépressifs ou présentant un trouble de type état limite, issus pour la plupart du premier groupe ou d’une hospitalisation au pavillon T. Lainé. Pendant quatre à huit semaines, ils viennent passer une à trois journées par semaine à l’ASAP. A travers différents thèmes d’activités – ancrage dans le temps, créativité, immersion sociale en extérieur, travail corporel, revalorisation, etc. – le but est alors d’assurer une continuité vers un accompagnement extérieur.

Dans le parcours de soins, il manquait cette interface entre les urgences et la prise en charge post-hospitalière

« Les jeunes que nous voyons à l’ASAP étaient auparavant pris en charge en hospitalisation complète, en pédiatrie au CHU, ou encore au pavillon T. Lainé : des services déjà encombrés où ils n’avaient pas nécessairement leur place. Dans le parcours de soins, il manquait cette interface entre les urgences et la prise en charge post-hospitalière », explique le Dr Mallet. Depuis janvier, l’unité a déjà permis de réguler la surpopulation en hospitalisation complète et de réduire les délais d’attente pour la prise en charge après une tentative de suicide. A long terme, l’objectif est de vérifier que les dispositifs de suivi à la sortie sont bien mis en place, afin d’éviter les « perdus de vue » et les rechutes.