POITIERS, 18 février 2019 – APMnews –
Le volet psychiatrie du projet médical partagé (PMP) du groupement hospitalier de territoire (GHT) de la Vienne met l’accent sur quatre filières, a expliqué vendredi, à APMnews, Christophe Verduzier, le directeur du centre hospitalier (CH) Henri-Laborit, spécialisé en psychiatrie.
Le CH Henri-Laborit est entré dans le GHT de la Vienne durant l’été 2018, après avoir bénéficié pendant deux ans d’un droit de dérogation (cf dépêche du 29/01/2018 à 17:26). L’adhésion s’est déroulée “de façon plutôt satisfaisante”, a assuré Sylvie Perron, présidente de la commission médicale d’établissement (CME), jointe la semaine dernière par APMnews.
Les quatre filières développées dans le cadre du volet psychiatrie du PMP portent sur les thématiques de l’addictologie, de la périnatalité, de la santé en détention et de la prise en charge aux urgences.
Concernant l’addictologie, une équipe de liaison et de soins en addictologie (Elsa) à vocation départementale sera installée “dans quelques semaines”, a indiqué le directeur de l’établissement.
La mise en place de cette équipe participera à l’organisation de la filière addictologie, dans laquelle sont développées des activités de recherche et d’enseignement.
Plus globalement, “l’idée est qu’on réfléchisse ensemble [avec les services somatiques, NDLR] au parcours des patients qui ont des troubles addictifs”, a-t-il complété.
Pour la filière de prise en charge aux urgences somatiques, Sylvie Perron a expliqué à APMnews qu’une équipe est déjà en place “24h sur 24 aux urgences du CHU [de Poitiers] pour voir les personnes qui [y] arrivent et qui ont besoin d’un psychiatre”.
Désormais, selon Christophe Verduzier, “[l’idée serait] d’envisager de créer une unité d’hospitalisation de courte durée spécialisée en psychiatrie” afin d’avoir “le temps d’organiser l’alliance thérapeutique pour poursuivre les soins dans de bonnes conditions”.
Ainsi, cela permettrait, lorsque les patients arrivent aux urgences, soit “de prendre le temps d’avoir les échanges suffisants pour qu’ils acceptent d’avoir un suivi ambulatoire”, et à l’inverse, si l’état du patient nécessite une hospitalisation, “cela peut être le temps nécessaire pour convaincre les gens de l’intérêt [de cette] hospitalisation en psychiatrie”, a expliqué Christophe Verduzier, qui considère que cette unité serait un moyen de “baisser les hospitalisations sous contraintes”.
Alors que le CHU de Poitiers est en “phase de réflexion et de préparation d’une extension du service d’urgence”, le directeur de l’établissement y voit “une fenêtre opportune” pour qu’un lieu soit réservé à la psychiatrie. La mise en oeuvre de ce nouvel espace d’urgence n’interviendra pas avant 2022 ou 2023.
Sur la filière de la périnatalité, l’objectif est “d’être dans un repérage précoce” et “un accompagnement” des éventuels troubles. “Par exemple, on a une unité mère-bébé [à l’hôpital Henri-Laborit], et un des sujets a été de faire en sorte d’améliorer la prise en charge par les pédiatres des enfants qui sont hospitalisés avec leur maman”, a expliqué Christophe Verduzier.
Enfin, concernant les discussions sur la prise en charge des personnes en détention, “les travaux sont en cours”, a assuré Christophe Verduzier, qui a expliqué que l’objectif serait d’évaluer les pistes d’amélioration sur le travail en collaboration mené avec une équipe du CHU (somatique).

 

Envoi du projet médical partagé en 2019

Pour chaque filière, des groupes de réflexion et “des réunions communes entre les médecins concernés” sont organisés pour préciser ce qui pourrait être amélioré, a détaillé Sylvie Perron, évoquant par exemple le manque d’interopérabilité au niveau informatique entre le CHU et le CH Henri-Laborit.
Sylvie Perron et Christophe Verduzier ont exprimé à APMnews leur volonté de voir une cinquième filière créée, celle des soins somatiques spécialisés pour la psychiatrie, avec la possibilité, par exemple, d’avoir des avis plus rapidement en gynécologie, cardiologie, ou encore l’extension des plages horaires pour l’électro-convulsivothérapie.
Pour le moment, il n’y a pas de groupe de travail sur ce sujet, mais quand les travaux sur l’une des quatre premières filières sera terminé, “on embrayera sur le cinquième”, a assuré Sylvie Perron. L’envoi du projet médical partagé à l’agence régionale de santé (ARS) est “prévu pour le milieu de l’année 2019”, a-t-elle ajouté.
Le CH Henri-Laborit va également travailler de manière plus “coordonnée” avec des associations médico-sociales dans le cadre d’une convention cadre, a expliqué le directeur.
“Cette année, ce sera la première année et [le but ] c’est d’essayer d’avoir un premier projet autour des formations croisées entre l’hôpital et les partenaires” médico-sociaux, a expliqué le directeur de l’établissement.
Un forum, pour que “la diversité des activités, aussi bien de l’hôpital que du médico-social, soit mieux connue des uns et des autres”, sera organisé, a-t-il ajouté.
Le projet médico-soignant prenant fin en 2019, l’établissement s’apprête à élaborer son projet d’établissement.
Concernant le projet territorial de santé mentale (PTSM), la phase de diagnostic est terminée et le projet “est en cours de réflexion et de finalisation”, a indiqué le directeur de l’établissement.

Renforcement de la filière psychiatrie de la personne âgée

Le CH Henri-Laborit dispose d’un budget de 76,3 millions d’euros et son déficit, pour 2018, s’établit à 195.000 euros.
“La situation budgétaire traduit un redressement qui est en lien avec un plan de réorganisation qu’on a commencé à conduire en 2018, qui est passé par des réorganisations capacitaires sur l’hospitalisation complète”, a expliqué Christophe Verduzier. Il a rappelé que le déficit pour 2017 était de 600.000 euros.
“Globalement on a fermé une trentaine de lits, et une trentaine d’emplois ont été supprimés à cette occasion, sans remettre en cause l’offre de soins” car l’activité n’a pas été transférée mais réorganisée, a assuré le directeur de l’établissement.
Sur l’enveloppe de 50 millions d’euros allouée par la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, en décembre 2018 (cf dépêche du 21/12/2018 à 18:26), l’établissement a reçu 240.000 euros.
Cette somme sera “fléchée sur des mesures jugées prioritaires pour l’exercice 2019, entre autres, sur la filière psychiatrie de la personne âgée”, c’est-à-dire de plus de 75 ans, a déclaré le directeur de l’établissement.
Il souhaite développer encore davantage “les consultations dans les CMP [centres médico-psychologiques] existants, avec des infirmiers de la filière” ainsi que les “visites en établissement et à domicile”.
L’objectif est de rattacher ce dispositif “à une filière coordonnée, avec l’idée d’un numéro unique, pour l’entrée en contact avec la filière pour simplifier les parcours”, a-t-il complété.
“On est en phase de recrutement des professionnels et de redéploiement des professionnels, et on va commencer à aller vers nos partenaires pour les informer de cette nouvelle organisation”, pour mise en place effective “autour du mois d’avril”, a détaillé Christophe Verduzier.

570.000 euros alloués par l’ARS

Enfin, en 2018, l’agence régionale de santé (ARS) Nouvelle-Aquitaine a “opéré une campagne de péréquation positive des dotations entre établissements”, a expliqué le directeur de l’établissement. Autrement dit, pour les établissements sous-dotés, l’enveloppe de la dotation annuelle de financement [DAF] a été réhaussée, tandis que pour les sur-dotés, aucune réduction de financement n’a été réalisée.
Grâce à cette opération, le CH Henri-Laborit a obtenu un financement de 570.000 euros qu’il a réparti entre 400.000 euros pour la création de l’Elsa et 60.000 euros pour “mettre en place une offre de soins coordonnée avec le centre hospitalier Camille Claudel [Charente] sur les zones frontières” entre les départements de la Vienne et de la Charente.
Les 110.000 euros restants ont servi à financer la maison de la réhabilitation psychosociale à la Gibauderie. “Il s’agit d’une structure de prise en charge pour des patients jeunes, en début de maladie, avec l’idée d’un travail très actif de réhabilitation psychosociale”, a détaillé le directeur de l’établissement.
La structure comporte 18 lits, mais seuls 12 avaient été ouverts pour le moment, faute de financements suffisants pour faire fonctionner l’équipe. Les financements obtenus permettront d’ouvrir tous les lits à partir du mois de mars.
Des travaux ont été réalisés au cours de l’année, ceux de l’établissement et service d’aide par le travail (Esat) Essor à Mignaloux-Beauvoir et ceux du centre de soins ambulatoires de pédopsychiatrie sur le site de la Milétrie (Cesam) sont terminés. Leur inauguration aura lieu avant l’été.
af/ab/APMnews (Par Aurélie FRANC)