L'équipe ECT

L’équipe ECT, de gauche à droite : Joyce Dohou, attachée de recherche clinique, Anne-Lise Loget, infirmière de liaison, Dr Diane Lévy-Chavagnat, psychiatre, Florence Depée, technicienne.

L’électroconvulsivothérapie (ECT) est une activité de soin pratiquée dans toute la France, or il n’existe pas de système permettant d’étudier et d’évaluer ce traitement au niveau national. L’unité de recherche clinique (URC) du Centre hospitalier Laborit vient de lancer un projet d’Observatoire pour répondre à ce manque.
Les premiers soins par électroconvulsivothérapie ont vu le jour en avril 1938. Il s’agit d’une technique prescrite contre les troubles de l’humeur complexes et pharmaco-résistants, les troubles bipolaires et pour certains cas de schizophrénie.

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Elle se réalise par le positionnement d’électrodes sur les tempes du patient, lorsque celui-ci est endormi, d’où la raison pour laquelle à Poitiers, l’ECT est faite en salle de réveil au CHU, bien qu’elle soit prescrite par le CH Laborit. Cette technique n’est pas anodine : environ 400 séances sont réalisées par an.
Même si cette pratique est très réglementée, il n’existe pas à l’heure actuelle de traces permettant un recul réflexif.

Recueillir et analyser les pratiques pour améliorer les soins

En 2013, l’Agence régionale de santé (ARS) Poitou-Charentes alloue un financement pour mettre en place la fédération Ariathym, afin d’associer tous les établissements de soins psychiatriques (publics et privés) de la région. Ce plan se divise en trois groupes de travail : les parcours de soins, la recherche et la constitution d’un registre. Ce dernier point consiste en la concentration de toutes les données tournant autour de la pratique des ECT.
Ce registre s’avère essentiel et l’importance des données recueillies mérite de s’étendre à l’échelle nationale, d’où la naissance d’un nouveau projet : l’Observatoire, une idée soutenue et validée le 16 août 2017 par le Comité consultatif du traitement de l’information en matière de recherche et de santé (CCTIRS) et la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL).
Cette réalisation de grande envergure permet d’étendre son champ de vision sur toute la France et ainsi de recueillir toutes les données et questions tournant autour de la pratique de l’ECT : le placement des électrodes, l’intensité du courant, le type d’anesthésie, les pathologies, les types de patients (âge, sexe…), les comorbidités, les effets secondaires, les répercussions sur les troubles cognitifs et de la mémoire, etc.
Ces données sont nécessaires au suivi, à l’étude et à l’amélioration de l’ECT, mais aideront aussi à mieux informer le public et être au plus proche des patients, en éclaircissant davantage leurs enjeux et les soins apportés.

14 centres participants en France et encore bien d’autres à l’avenir

Ce projet est porté par l’unité de recherche clinique (URC) Pierre Deniker, sous la coordination du Dr Diane Lévy-Chavagnat, responsable de l’unité ECT depuis maintenant 11 ans, le Pr Nemat Jaafari, responsable du pôle universitaire de psychiatrie adulte et Joyce Douhou, attachée de recherche clinique. L’idée est de constituer une base importante sur tout ce qui concerne l’ECT en général et notamment de savoir comment ces activités de soin sont réalisées ailleurs en France. Certes il existe une législation autour de l’ECT mais il n’existe pas d’indicateurs communs sur sa mise en œuvre dans les établissements de soin. L’Observatoire permettra à l’avenir de mieux uniformiser cette activité pour avoir des pratiques homogènes, de développer un nouveau protocole et mettre à jour la réglementation actuelle, et aussi permettra de lister tous les centres ECT de France afin d’identifier les zones où la création d’établissements et l’implantation de ces soins serait nécessaire.
L’Observatoire est un projet très encadré et sécurisé, et les hôpitaux souhaitant le rejoindre doivent signer des conventions afin d’y rentrer, d’où l’importance du travail de l’attachée de recherche clinique (ARC), qui doit se charger de contacter tous les centres de France, les visiter et leur présenter ce dispositif. À ce jour sur 50 centres contactés, 14 centres ont rejoint l’Observatoire. L’ARC se charge également de former ces centres à la collecte des données. Toutes ces données sont renseignées sur une plateforme en ligne, une sorte de cahier de suivi et d’observation électronique.
« Il s’agit d’un projet très stimulant possédant une grande perspective d’avenir, qui permettra d’évaluer et d’améliorer les traitements, mais aussi de déstigmatiser et d’apporter une meilleure lisibilité auprès du public », conclut le Dr Lévy-Chavagnat.