Lundi matin 8h30, le rendez-vous est donné pour les patients qui participent à l’activité équithérapie intersectoriel.

« L’équithérapie est une thérapie médiatisée par le cheval dans ses dimensions corporelles et psychiques », définition de la société française d’équithérapie. Elle s’inspire des concepts de Winnicott « holding, handling, espace transitionnel ». Elle a démontré des effets thérapeutiques certains sur de nombreuses pathologies et notamment les psychoses.

François infirmier et Natacha aide-soignante font la tournée des secteurs pour récupérer les cavaliers en herbe désignés par l’équipe médicale.
L’équithérapie fait partie intégrante du projet de soins des patients et de leur parcours. Elle est “prescrite” sur avis médical et discutée en équipe pluridisciplinaire.
Pour les patients, l’activité devient thérapeutique par la présence du soignant et de l’équithérapeute.

Les patients sont prêts. Direction Equit’Libre à quelques kilomètres de Poitiers sur la commune de Ligugé où Martine la monitrice attend le groupe.

Les patients se dirigent vers le club-house pour le traditionnel café avec les équipes sur place. Un moment de détente où les patients s’équipent tranquillement et où les travailleurs viennent les saluer.
Les travailleurs viennent de l’ESAT Henri Bucher de Vivonne, une commune toute proche. Philippe, le plus ancien des travailleurs évoque la différence entre l’arrivée et le départ des patients avec une pointe de fierté “quand ils arrivent, certains ne veulent pas marcher ou dire bonjour… leur comportement change déjà quand ils voient les poneys et quand ils repartent, ils ont le sourire aux lèvres, on les voit même courir avec leur poney, les câliner, les bichonner pendant les séances”.

L’approche du cheval sera progressive, d’abord à terre pour créer du lien avec l’animal, l’apprivoiser, puis monté quand le patient se sentira prêt. L’activité est ritualisée, donc prévisible et sécurisée pour le patient.

L’activité du jour, des jeux à poneys, mobilise toute l’équipe, installation du matériel, préparation des poneys, consignes.

Ils doivent parler à leur poney pour transmettre des ordres simples, cela participe à développer la communication orale. Ensuite, il y a aussi la gestion de la frustration dans les jeux en équipe“, explique Natacha.
Les soignants se réjouissent des évolutions positives côté communication, mobilité et estime de soi des patients.

Nous sommes là pour donner les conditions favorables au patient en recréant des conditions sécurisantes avec l’animal“, explique l’équipe.

Le cheval a une fonction contenante. Il éponge les appréhensions, les angoisses et les équipes profitent de ces conditions particulières pour inciter à la verbalisation des vécus.

Ils accompagnent le patient dans sa progression en respectant son rythme.

Objectifs psycho-corporels

Favoriser la prise de conscience du schéma corporel.

Favoriser le sentiment d’exister.

Objectifs psychologiques

Favoriser la revalorisation narcissique, la confiance en soi.
L’encourager à se responsabiliser, s’autonomiser.
Lui permettre de canaliser les peurs.
L’amener à un état de bien être et de sécurité physique et psychique.
Lui permettre de réguler ses pulsions agressives en apprivoisant l’attente, « le tout, tout de suite » et par la contrainte d’adapter son comportement à celui du cheval.
Donner des repères temporo spatiaux, des temps forts dans la vie routinière de l’hôpital.

Objectif relationnel

Aider le patient à construire un lien (verbal et non verbal) avec le cheval, et favoriser les interactions avec les soignants.

Un fiche de transmission avec la monitrice sur place permet de suivre les évolutions d’une séance à une autre mais aussi tout au long de l’année.
L’évaluation régulière porte sur l’appréciation du comportement au niveau de l’activité et dans son prolongement, la capacité à exprimer ses sensations, à supporter la difficulté et la diminution des pulsions agressives et auto agressives.
L’activité suscite aussi de nouvelles passions. “Nous avons l’exemple d’un patient qui a participé à l’activité pendant son hospitalisation et qui continue l’équitation en milieu ordinaire depuis sa sortie” se souvient François Dupuis.