L’électroconvulsivothérapie (ECT) connait un essor remarquable au CH Laborit : alors que cette activité enregistrait 140 séances par an à son lancement en 2006, pas moins de 400 séances ont été réalisées en 2015, et les demandes ne cessent de croître. Questions au Dr Diane Lévy-Chavagnat, psychiatre référent UF-ECT, et à Florence Depée, technicienne ECT.
Dans quels cas prescrit-on des séances d’ECT ?
Les séances d’ECT sont prescrites à des personnes adultes – 75% de femmes – sur qui les traitements chimiques sont inefficaces, principalement dans des cas de troubles de l’humeur, avec une dégradation de l’état général, mais aussi de certaines formes de schizophrénie.
Avec le consentement signé du patient et après des examens préliminaires, 15 à 20 séances sont d’abord prescrites en soin de cure, lors de la phase aigüe, avant de passer à un traitement d’entretien, avec des séances de plus en plus espacées, jusqu’à une fois toutes les huit semaines (espacement maximum).
Comment se déroule le traitement ?
Durant la période de cure, le patient est hospitalisé. Lorsqu’il passe ensuite aux séances d’entretien, il arrive la veille du traitement en hospitalisation complète et repart le lendemain, car chaque séance nécessite une anesthésie générale de 3 à 4 minutes avec curarisation (afin que les muscles ne soient pas réactifs à l’électricité). Les séances sont réalisées grâce à un appareil d’ECT, le Spectrum 5000Q, dans la salle de surveillance post-interventionnelle du CHU. Des électrodes reliées à l’appareil sont posées sur les tempes ou le front du patient endormi, et vont dégager un courant électrique selon un paramétrage personnalisé. C’est une intervention qui implique un lien étroit entre le psychiatre, l’anesthésiste, mais aussi l’infirmier de psychiatrie et la technicienne.

Le Spectrum 5000Q
Comment explique-t-on l’action de l’électricité sur le cerveau ?
Les électrodes dégagent un courant électrique à travers le crâne, qui va venir traverser le cerveau pour provoquer une crise convulsive contrôlée. La crise va augmenter la taille des neurones et le lien entre les cellules grâce à la libération de neuromédiateurs. L’enregistrement restitué par l’appareil d’ECT va permettre de visualiser si la séance a été efficace, et au besoin de réajuster les réglages pour les fois suivantes.
Quels sont les résultats ?
80 % des patients traités par ECT répondent au traitement, dont le principal inconvénient reste l’apparition, dans certains cas, de troubles de la mémoire récente et/ou ancienne. C’est un effet secondaire que nous surveillons de près pour l’éviter. Globalement, la méthode est très efficace et même en traitant deux patients par jour, cinq jours par semaine, avec sept médecins spécialisés et une quinzaine d’infirmiers formés chaque année, nous avons des listes d’attente et travaillons donc à des projets de développement.